Aujourd’hui, nous interviewons Samy, qui nous vient du joyeux monde des SEO, pour devenir e-commerçant. C’est intéressant de voir comment quelqu’un qui a du recul sur ce point-là aborde la question quand l’heure est venue pour lui d’avoir sa propre boutique.
Bonjour Samy,
Peux-tu commencer par te présenter ainsi que tes associés et ta société en quelques mots ?
Merci de m’accueillir dans cette vaste demeure du e-commerce 🙂
Je suis Samy Berkani, un passionné de SEO devenu Web entrepreneur. J’évolue au sein de l’agence web Inside Créations que j’ai crée en 2009. Depuis, j’ai goûté aux joies du commerce électronique (en tant qu’e-commerçant et non prestataire de service, cette fois) et j’avoue que ça me plait beaucoup. Je suis associé à deux autres personnes que sont Camille Huvier et Pierre Mourotte.
Nos boutiques sont : Les Deux Biches, Le Tiroir à Collants et Lady Coclico.
Toujours en quelques mots, comment avez-vous organisé votre équipe ? Quelles sont vos ressources techniques ? Comment gérez-vous votre logistique ?
Comme vous le savez, la vente en ligne requiert une large palette de compétences dans différents domaines. Nous ne sommes que trois et sommes à 99% autonomes (sauf compta et serveurs :). Tout est « fait maison ». De fait, nous avons dû élargir nos compétences à d’autres domaines.
Pour prendre quelques exemples concrets, j’ai dû constituer un petit studio photo : 2 spots daylight (merci à Patrice Cassard pour son post « révélateur » sur le sujet), un fond blanc et un Nikon D7000 (pour un budget total de 1500€). Je me suis également mis à Linux pour pouvoir gérer nos serveurs.
De même, Camille a du apprendre à être intransigeante sur le contrôle qualité (plus il est « sévère », moins nous avons de retour produits) et consacre pas mal de temps à l’analyse des tendances de mode. Pierre, lui, a appris à appliquer le webmarketing à ses propres projets e-commerce et en gérer le blog et le community management…
On a fait le choix du « home made » pour libérer un maximum de ressources à investir dans le développement des catalogues de nos différentes boutiques. On y gagne forcément financièrement (conception de trois boutiques, référencement, des dizaines de séances de shooting, administration serveur … ça chiffre !). Mais nous sommes également conscients qu’à force de tout gérer en interne, on finit par perdre tout recul sur les situations et avoir moins de temps pour « porter » nos projets. Cela représente également beaucoup de sacrifices personnels, la situation ne peut donc qu’être temporaire.
Pour la logistique, nous avons notre espace de stockage derrière nos bureaux (dans le 6e arrondissement de Lyon). La préparation se fait donc sur place (qu’est ce qu’on s’éclate entre midi et deux :). Comme beaucoup, nous avons commencé en stockant « at home » pendant quelques mois. Par la suite, nous avons eu de la chance de tomber sur un grand local vraiment pas cher. Bon, nous avons dû tout retaper (ça aussi, c’est fait maison), mais aujourd’hui, ne pas avoir de souci de stockage nous est indispensable et nous ôte tout frein au développement.
Pour la livraison, on travaille avec La Poste. Il n’y a pas de réelle concurrence à ce niveau en France. De fait, nous sommes contraints de gérer les dépassements de délais et autres colis perdus, sans que les réclamations n’aboutissent.
Notre unique point faible reste la gestion des retours. On ne s’en soucie pas pour le moment car on en a très peu (moins de 1%) grâce au contrôle qualité « impitoyable » de Camille.
Ce qui est intéressant dans ton cas, c’est que tu es un profil SEO à la base qui se tourne vers le e-commerce. Comment as-tu abordé le projet, quelles ont été les étapes du montage ?
Lorsqu’on est SEO et qu’on voit défiler des boutiques, on ne peut qu’être tenté à un moment ou un autre. Pour l’aspect financier, mais pas que. Etre à la fois e-commerçant et SEO, c’est deux fois plus de plaisir 🙂
J’ai démarré le premier projet e-commerce avec une vision ultra SEO. A l’époque, la police du net (Google) n’était pas encore aussi répressive. Entre temps, j’ai eu le temps de m’acclimater et d’assimiler les autres aspects du Webmarketing.
Avant même la création de la première boutique, j’ai commencé par faire quelques études de mots clés, analyse de la concurrence et de l’évolution de plusieurs marché. Je savais donc au terme de ce travail où je voulais aller et comment y arriver (en ce qui concerne le SEO).
J’ai ensuite constitué un petit réseau de blogs (en variant les IP et les Whois) pour avoir un minimum d’indépendance en netlinking. Etant assez prudent sur le sujet, je suis resté modéré misant sur la qualité.
J’ai également accordé beaucoup d’importance au contenu rédactionnel des boutiques dès le départ. Beaucoup (aujourd’hui encore) en proposent assez peu. J’ai fait correspondre les noms des produits à la recherche de l’internaute (là où certains utilisent des noms inventés donc inconnus), et le résultat s’est fait sentir dans la longue traîne. En résumé, j’ai fait de la pertinence mon premier objectif.
Les résultats étaient assez bons dès les premiers mois mais je me suis rendu compte que je touchais des internautes déjà acquis à la cause (qui recherchaient les produits qu’on proposait) mais pas du tout les « why not » (les internautes qui découvrent nos produits et … pourquoi pas !). C’est là que mes associés ont pris le relais pour cibler de nouveaux canaux, et pour faire en sorte que des internautes tapent « Le Tiroir à Collants » pour nous trouver et pas seulement « cherche collant fantaisie à petit pois et nœud rouge » 🙂
En analysant le parcours, je me dis que mes compétences en SEO nous ont permis de démarrer plus vite et de constituer une première source de ventes (non négligeable), mais qu’il est indispensable, à un moment ou à un autre, de tourner le dos à Google pour parler à l’internaute.
Aujourd’hui, on se base autant sur le SEO que sur le social ou les partenariats avec les blogueuses mode.
Notre objectif aujourd’hui est que notre petite équipe s’agrandisse. Faire tout soi-même c’est bien, mais à force, la petite lumière rouge à côté de l’oreille droite commence à clignoter 🙂
Est-ce que le fait de faire du SEO pour toi-même change quelque chose ? Le fait de mettre en place ses propres recommandations rend-il cela plus aisé ? Es-tu satisfait de tes débuts ?
Il est certain que ne pas avoir de comptes à rendre rend l’audace possible. Et de l’audace, il en faut ! Mais cela enlève également la pression du client (là je suis en mode prestataire) qui nous demande dans combien de temps il va être riche. Cet aspect prend tout son sens aujourd’hui où la patience est une vertu indispensable au SEO. Bourriner c’est mourir !
Il y a aussi le fait que, quoi qu’on en dise, la motivation est plus forte pour ses propres projets. On peut se permettre d’y passer plus de temps sans se poser (immédiatement) la question de la rentabilité.
Pour la satisfaction, c’est mitigé. Je suis satisfait du chemin parcouru, de la formation et des compétences que j’ai acquises. Certaines erreurs de parcours et le manque de fonds ont compliqué la tâche…
La question rituelle, si vous deviez recommencer du début, que ferais-tu différemment ?
Au début de l’aventure, l’investissement était de 3500€ (je suis complètement sérieux) pour un premier CA de 50 000€. Aujourd’hui, je me sens petit joueur, mais forcément, l’ambition de départ n’était pas la même. Il faut savoir que la taille du catalogue est très importante sur les marchés où la concurrence est élevée. Avoir un grand catalogue signifie pour moi trois choses :
- Plus de trafic via les moteurs de recherche
- Un meilleur taux de conversion
- Un panier moyen plus élevé
Partir avec une bonne base financière permet donc d’évoluer plus rapidement en ayant plus de sous à réinvestir. Nous nous sommes tournés vers les banques qui, comme beaucoup ont dû s’en apercevoir, sont assez réticentes à prêter aux e-commerçants (vaste sujet). Nous n’avons pas eu le choix : Il a fallu commencer avec nos (petits) moyens personnels.
Pour le reste, je n’avais pas la même expérience donc j’ai foiré deux, trois choses (choix de certains fournisseurs, communication trop timide …), mais si ça marche, c’est qu’on a globalement bien fait les choses.
Quelles sont les prochaines étapes du développement ?
Comme je le disais plus haut, pouvoir embaucher pour s’agrandir. Je veux que notre équipe s’agrandisse en accueillant des personnes capables d’êtres polyvalentes et passionnées. Notre configuration actuelle me plait et les valeurs doivent rester les mêmes : implication, la soif d’apprendre et la complémentarité. Peu importent les diplômes et les écoles 🙂
La priorité est de combler nos lacunes en graphisme, relations presse et de trouver un bon responsable logistique. En termes de temps de travail, ces trois métiers nous posent beaucoup de problèmes.
A plus long terme, on voudrait devenir fabricants (en ce qui concerne les collants) et travailler en exclusivité avec des créatrices (en ce qui concerne les bijoux).
Aussi, nous avons pêché en innovation, on a donc comme objectif de trouver des niches et de lancer de nouvelles boutiques avec des idées plus originales (Madame Choup et Archiduchesse nous inspirent tous !).
Je me suis également rendu compte que le lancement d’une boutique (au sens large) me passionnait plus que sa gestion. Je souhaiterais donc que nos projets soient assez aboutis pour pouvoir me permettre lancer/développer/céder des boutiques e-commerce.
Merci Samy pour ce retour d’expérience très intéressant !
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