Groupon est très souvent encensé, suivi, copié (bon-prive.com, kgbdeals.fr, letrader.fr) en ce moment, et pour cause ! L’annonce a fait l’effet d’une bombe de minimoys, celle qui picote : Groupon devrait atteindre le milliard de dollar de CA plus vite que Google en son temps d’après Morgan Stanley !
Deuxième bombe de minimoys, tenez-vous bien : Groupon devrait être racheté 6 milliards de dollars par Google (les rumeurs disaient 2.5Mds hier, attention, selon le NYTimes, rien n’est définitivement conclu)
Petit rappel pour ceux du fond, Groupon est un site qui propose de l’achat groupé, avec quelques offres par jour et de grosses réductions dûes aux quantités vendues.
Le fondateur, Andrew Mason, a 29 ans, ce qui n’est pas sans rappeler le succès d’un autre phénomène qui fait dans le social sur la toile.
Alors, Groupon a-t-il un modèle économique intéressant ? Le social commerce a-t-il un avenir et est-ce l’avenir du e-commerce ? Enquête sur ce modèle émergent et ses dérives.
Un succès fulgurant
Citydeal lance en février 2010 un site Internet sur le modèle de Groupon, croît rapidement et est très vite racheté, en mai 2010, par Groupon. Groupon Citydeal a ainsi repris la charte US fin octobre pour s’intégrer pleinement au groupe. On ne peut qu’imaginer que l’appellation Citydeal disparaîtra bientôt pour laisser place à un « Groupon France » qui sera bien plus clinquant.
Je voudrais tout d’abord souligner l’évolution du service, qui montre le succès fulgurant du social commerce en France comme ailleurs :
Un succès également confirmé par le nombre d’annonces d’emploi proposé par le groupe, une quarantaine d’annonces trouvées en un clic via Jobijoba.
Ce qui m’a vraiment choqué, c’est le succès des ventes.
Si les premières ventes parisiennes faisaient moins d’une centaine à quelques centaines d’achats par prestation proposée, ce qui était déjà beaucoup ; les dernières représentent plusieurs milliers d’achat par prestation proposée !
Quelles limites ?
Nous ne pouvons être que ravis pour Groupon qui fait ainsi un très bon chiffre d’affaires. Cela dit, une limite importante à ce système paraît :
Il y a 1719 personnes à caser dans le restaurant à suhis, qui pensait là se faire un peu de publicité. Si le responsable du restaurant n’a pas l’air mécontent de l’opération au téléphone, il ne souhaite pas faire trop de commentaires, je n’ai pas eu l’occasion de lui poser les questions qui fâchent.
Plusieurs problématiques apparaissent : quelle va être la qualité du service proposé, est-ce que l’ensemble des clients vont trouver des dates qui les arrangent ? s’ils viennent directement, vont-ils trouver table disponible ? ou va-t-il finalement falloir attendre, revenir et repousser, jusqu’à peut-être faire passer la date de péremption du bon (qui sera sans doute repoussée sans problème) ?
Par ailleurs, pour la direction du restaurant, cet afflux va à l’encontre de la marge, et le taux de marge du restaurant devrait être affecté de beaucoup. Il faut savoir que 10% à 50% du montant de la vente est conservé par Groupon. Il y a un vrai calcul à faire sur ce sujet pour les participants aux opérations pour voir si au delà d’une certaine quantité, cela ne risque pas de poser un réel problème à leur business.
Ainsi, 40% des marchands partenaires de Groupon US déclarent ne pas souhaiter réitérer l’expérience d’après l’Université texane de Rice.
Mais si l’on arrive à gérer l’afflux, une bonne opération ?
Si l’on a la logistique qui permet de gérer un tel afflux de clients, l’opération est très bonne, en témoigne le résultat de ce « deal national », 11236 Livres photo vendus, c’est assurément un grand succès pour cette opération, qui si elle rogne de beaucoup sur ses marges, permet de faire connaître le produit, la marque, de prouver que les acteurs de ce marché se font beaucoup de marge, et ce à un grand nombre de clients qui sont inscrits aux newsletters, ou qui vont directement sur le site, etc. Et ce à moindres frais.
Cela dit, avec autant de réduction + la commission allant jusqu’à 50% déduite, peut-on encore dire que l’on fait une opération fructueuse ? Je suis même curieux de savoir si certains ne font pas de la vente à perte.
Quels concurrents ?
Au niveau de la concurrence, on ne voit que des acteurs mineurs en France, KGB Deals semble le mieux positionné sur l’exact même modèle.
Sur le marché international, un comparateur de bonnes offres pourrait faire son trou : yipit.com
Tandis qu’en France, ce sont certainement les ventes privées qui ont quelques soucis à se faire, même si les offres sur ce genre de site de « deals » sont moins complètes.
Conclusion
Si Groupon a un succès indéniable et une capacité de progression importante, je pense que ce modèle social présente quelques limites et risque de nuire à la qualité de l’offre. Groupon écrase clairement ses concurrents avec une puissance marketing importante, et se soucie peu de la rentabilité de ses partenaires et de la qualité de service produite derrière.
Toutefois, si l’on est conscient de ces aspects, on peut effectivement profiter de très bons plans via ce nouveau système de deals. Et les bon-prive.com et consorts ne peuvent que profiter de cette manne et de ce nouvel intérêt qui est en train de se créer pour le E-Commerce Social (appelé Social Commerce)
Info du jour (01/12) : Groupon lance Groupon Stores
Groupon permet désormais aux US à tout un chacun de lancer ses deals. http://www.groupon.com/learn. Ceci va permettre de proposer (beaucoup) plus de deals.
Source : NYT
Laisser un commentaire