Taxe Amazon : Pourquoi les librairies n’ont rien gagné à ce combat contre le e-commerce ?

La taxe Amazon vient d’être adoptée par le Sénat et elle est malheureusement d’une naïveté confondante de la part de nos élus sur la compréhension du numérique en France.  Pour rappel cette loi , qui n’est pas encore promulguée mais qui n’à désormais plus aucun obstacle, interdit le cumul des frais de port offerts et la réduction maximum de 5% autorisé pour les livres.

Il faudra désormais, pour les sites de ventes en ligne, choisir entre offrir 5% de réduction sur le prix éditeur et offrir les frais de port. Cette loi, censée contrer Amazon et protéger les librairies de quartier montre que nos hommes politiques sont surtout parisiens et surtout en retard.

Cette loi va en effet pénaliser uniquement les autres vendeurs de livres sur internet : Les librairies Chapitres, Mollat, Fnac, le Furet du Nord etc… Pourquoi ? Parce que Amazon a la capacité et des moyens pour s’adapter qui dépassent largement ces acteurs qui n’étaient déjà pas tous à un niveau acceptable de qualité de service pour la vente en ligne.

sorry closedAmazon va modifier son système informatique en  quelques minutes et trouvera surement une parade pour s’adapter quand les autres auront une complexité accrue qui risque de leur poser problème. Mais c’est encore plus vicieux car cette loi va faire croire aux librairies qu’ils « ont gagné » et que les gens vont revenir dans leurs boutiques, dans 1 an ou eux il se seront aperçus du contraire et fermerons boutiques sans avoir pu s’adapter.

Ca c’est pour la partie « ce qui va se passer » mais le principal probablement se situe ailleurs.

En effet Amazon est depuis longtemps le 1er client des maisons d’éditions et se retrouve en position de force sur les achats, les prix de ventes étant fixes c’est 5% de marge supplémentaire qui va venir remplir les caisses du géant américain, le tout au nez et à la barbe des autres acteurs.

Car si les gens commandent sur Amazon, c’est principalement à cause de sa qualité de service et du confort offert par le e-commerce, et ça , aucun politique qui habite le 6eme arrondissement de Paris et qui à 20 librairies à coté de chez lui ne peut le comprendre… La différence de prix finale ne va pas inciter les gens à prendre leur voiture pour aller acheter leur livre, non, elle va juste renforcer les marges d’Amazon…

Petit rappel, seul 1 français sur 2 vit en ville (seuil franchi en 2010).

Les disquaires indépendants ont, presque, disparu depuis que les grandes surfaces utilisent les CD en produits d’appel, il ne me semble pas avoir vu à cette époque le même enthousiasme de nos politiques sur le sujet. 20 ans après on va faire croire que les hommes politiques ont le pouvoir de protéger un secteur industriel de l’évolution des modes de consommation.

Ah oui, il faudrait également leur dire qu’Amazon n’est pas un libraire et ne vend plus uniquement des livres depuis déjà plus de 15 ans …

Et sinon rendre la culture plus accessible en supprimant la loi Lang on en parle ou pas ? Un livre écrit par un français est moins cher en anglais (concurrence) qu’en français (respect du prix éditeur, loi Lang) :

stop-loi-lang

Prix en VF à gauche, Prix en anglais à droite. Livre écrit et édité en France à l’origine…


Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

5 réponses à “Taxe Amazon : Pourquoi les librairies n’ont rien gagné à ce combat contre le e-commerce ?”

  1. Avatar de Carole
    Carole

    Article très intéressant ! L’incompréhension de nos hommes et femmes politiques du monde du web est incroyable. Je me souviens d’une d’entre eux disant que cela allait sauvé nos librairies rurales…il est temps de sortir de Paris pour se rendre compte qu’il n’y a plus aucune librairie en campagne ! J’ai hâte de voir ce qu’ils vont pouvoir nous pondre sur le livre numérique qui finira par poser également un problème quand les gens auront adopté les liseuses.

  2. Avatar de Adrien
    Adrien

    Je partage votre point de vue. A noter qu’Amazon ne répercute pas en France les reductions qu’elle offre sur les livres aux Etat-Unis. La difference de prix constaté entre l’edition américaine et l’edition française s’explique donc par le fait que le prix couverture aux Etat-Unis est inférieur a celui en France. Si Amazon appliquait les reductions qu’elle offre aux Etats-Unis, les best-sellers américains couteraient alors 2 à 3 fois moins cher que leur édition française…

  3. Avatar de Loric

    J’ai l’impression que les libraires ont tendances à faire la même erreur que l’industrie de la musique : vouloir empêcher l’évolution du marché.

    Au lieu de se remettre en question, au lieu de trouver des services innovants qui feraient acheter les livres en librairies au lieu d’aller sur internet, j’ai l’impression que les libraires passent leur temps (et énergie) à pester contre Amazon. Quel gâchis. S’ils utilisaient ce temps et cette énergie pour essayer de s’adapter à l’évolution de la Société, peut être qu’il y aurait moins de librairies qui fermeraient.

  4. Avatar de Benoit Gaillat
    Benoit Gaillat

    @Carole : le livre numérique n’est, je pense, pas utilisé par les politiques. Le problème risque d’être assez mal compris malheureusement une fois de plus. Seule certitude (actuellement) : les libraires vont en souffrir.
    @Adrien : merci pour les précisions, je ne connais pas les USA mais au UK les livres me semblent bien moins cher qu’en France non ?
    @Loric : Pas aussi simple que ça « d’évoluer ». Le livre ne va pas mourir, loin de là mais le métier de libraire va devenir compliqué. Par exemple la concurrence des « espace culturels » de Leclerc doit aussi faire du mal aux libraires « classiques ». Ne pas considérer le livre comme un « produit simple » porte aussi atteinte au secteur en essayant de trouver des excuses pour ne pas évoluer. Par exemple pourquoi il n’y a pas de distributeur automatique de livre sur les quais de gare ou de métro ? Parce que le livre est trop noble pour ça ? C’est dommage je trouve.

  5. Avatar de Jérôme

    salut, je te rejoins tout a fait sur ta vision. Frais de port gratuit ou non le problème n’est pas là. Le problème est un problème de fond. D’une part il faut faire comprendre à nos politiques qu’aujourd’hui les habitudes de lecture ne sont plus les mêmes. Nous ne consommons plus du tout de la même manière. Les jeunes aujourd’hui lisent beaucoup moins ou ne lisent plus. On ne va donc pas obligé les gens à lire.

    Pour en revenir à amazon, il vont juste mettre les frais de port à 1 centimes ou qqchose comme ça et cela passera totalement inaperçu pour les internautes. De toutes les façons avec ou sans frais de port les gens ne vont pas prendre la voiture pour aller chez le libraire du coin qui leur dira que le livre n’est pas disponible qu’il faut le commander et qu’il sera là dans 3 jours. Reprendre la voiture une deuxième fois pour aller chercher son livre. A l’heure de la livraison en soirée je pense que c’est une utopie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *