Le rôle de l’e-commerce dans l’avenir de la logistique britannique

Voici un article Robert Matthams fondateur de Shiply, une startup anglaise spécialisée dans la  logistique et permettant d’économiser sur les transports de marchandises en remplissant mieux les camions lors de leurs allers et retours et réduire le nombre de camions circulant à vide. Voici donc, histoire de changer un peu de style de lecture, son point de vue sur la logistique du Royaume-Uni.

Les chiffres clés du secteur

Le secteur de la logistique représente une part importante de l’économie britannique, selon l’Office of National Statistics (Institut national de la statistique au Royaume Uni), ce secteur contribue presque 9% du total de la valeur ajoutée brute (VAB) et environ 7% de l’emploi total au Royaume Uni. La logistique joue également un rôle de premier plan dans le succès d’autres entreprises de toutes tailles, allant de magasins de quartier aux supermarchés, fabricants, vendeurs eBay, producteurs d’énergie etc., et est donc considéré comme secteur clé en Grande Bretagne.

Mais, comme d’autres secteurs, la logistique a été considérablement touchée par la crise financière, puisque les fortunes de ce secteur dépendent fortement sur le cycle économique. Quand l’activité économique est florissante, la demande du marché pour des services de transport et de logistique est également forte, mais inversement, dans une période de marasme économique, la logistique dépend dans une large mesure sur la reprise d’autres secteurs pour pouvoir rebondir.

Outre la baisse de la demande pour les services de logistique qu’entraîne une crise financière, l’inflation et la hausse du cours de pétrole depuis 2009 ont réduit les marges bénéficiaires de ce secteur déjà fortement concurrentiel, sans parler de la taxation du diesel au Royaume Uni,  la plus élevée de tous les États membres de l’UE.

La lumière au bout du tunnel

Malgré les défis auxquels sont confrontés le secteur du transport et de la logistique, le dernier rapport de la Freight Transport Association (l’association de transport de fret) fait preuve d’optimisme prudent pour l’avenir, prédisant un taux de croissance annuel composé de 5.5% d’ici 2014.  Bien que ces signes d’une reprise de demande soient encourageants, la croissance du secteur entrainera sans doute une augmentation de préoccupations environnementales. En réponse aux pressions d’écologistes et du gouvernement, plusieurs entreprises de transport et de logistique ont déjà commencé à mettre en place des technologies écologiques, ce qui a créé un espace pour l’entré sur le marché d’entreprises de TI.

Un des problèmes majeurs que rencontrent les entreprises de transport est que l’accroissement de la demande entraîne des délais de livraison plus courts et une augmentation de la congestion du trafic. Sous pression de respecter des délais serrés,l’efficacité du taux de remplissage des camions est trop souvent première victime, une fausse économie qui a des conséquences graves non seulement pour la congestion sur les routes, mais aussi pour l’environnement, et finalement pour la rentabilité du secteur.

Selon l’Agence européenne pour l’environnement, plus de 25 pour cent des camions sur les routes d’Europe circulent entièrement à vide, et plus de 50 pour cent ne roulent qu’en charge partielle. Ces trajets inutiles représentent des pertes de profit ainsi qu’un énorme gaspillage de carburant et d’émissions de CO2.  C’est ici que le secteur de la logistique peut vraiment profiter de solutions TI innovateurs comme les logiciels de gestion de la chaîne d’approvisionnement qui permettent d’optimiser de la chaîne logistique ou bien les nouvelles bourses de fret en ligne qui facilitent un échange de fret plus simple et efficace.

Le Web 2.0 – l’avenir de la logistique

L’arrivé du Web 2.0 a vu la naissance d’un nouveau concept dans l’affrètement : la place de marché en ligne des transports, une plateforme de mise en relation entre des personnes qui souhaitent expédier des objets et des entreprises de transport qui placent des offres pour effectuer ces transports au mode des enchères inversées. En permettant aux particuliers ainsi que des entreprises de toutes tailles de poster des annonces pour le transport de leurs objets, ces plateformes en ligne étendent le principe de l’optimisation des taux de chargement aux TPE, qui sont souvent exclues des bourses de frets traditionnelles en raison des tailles industrielles des chargements de fret. Bien que les entreprises de transport de toutes tailles aient toujours utilisé leurs propres méthodes pour éviter les retours à vide, avant la mise en place des solutions en ligne, cela nécessitait beaucoup de temps passé à l’appareil pour trouver du fret de retour.

Ces solutions en ligne ont également ouvert la voie au secteur du transport et de la logistique de profiter de la croissance de l’e-commerce, un secteur qui jusqu’à présent semble être insensible contre le ralentissement économique mondial. Le secteur du e-commerce est en plein boom, affichant une croissance de 13% sur les six premiers mois de l’année, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Ces transactions représentent des milliers d’objets à expédier, un domaine lucratif pour la logistique. Une analyse du groupe Interactive Media in Retail montre que la livraison est un facteur clé du e-commerce, et que dans 43% des cas, le choix de commerçant des consommateurs en ligne est influencé par les options de livraison offertes.

En développant des outils internes comme celui de Shiply.com (www.shiply.com/fr/), membre agréé au programme eBay Developers, qui permet à chaque utilisateur d’importer sur Shiply les enchères qu’ils ont remportées ou les objets sur lesquels ils sont en train d’enchérir sur eBay, prêts à recevoir des offres de la part des prestataires de transport, les places de marchés en ligne donnent la possibilité aux TPE et PME de transport d’étendre leurs services aux e-commerçants et auto-entrepreneurs web de manière transparente, efficace et rapide. Ce segment inférieur du marché étant précédemment presque uniquement desservi par les grandes entreprises de livraison de colis comme DHL ou FedEx, il représente une source prometteuse de revenus et d’optimisation de chargements pour les TPE de transport, souvent mieux équipés pour effectuer des livraisons d’encombrants que les services de livraison de colis.

Quel que soit l’avenir de la logistique au Royaume Uni et en Europe, une chose est certaine : la tendance de la transition des services de gestion de la chaîne logistique vers le web continuera et pourrait être la clé pour créer un avenir plus efficace et durable pour le transport et la logistique.

 

Robert Matthams est le fondateur de Shiply [http://www.shiply.com/fr/], une place de marché en ligne pour les transports qui aide plus de 40.000 transporteurs à travers l’Europe de trouver du fret de retour. En réduisant les trajets à vide, Shiply a économisé plus de 11.000.000 kg de CO2.


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Commentaires

2 réponses à “Le rôle de l’e-commerce dans l’avenir de la logistique britannique”

  1. Avatar de Erwan
    Erwan

    Bonjour,

    Étant un professionnel du secteur, je me permets quelques commentaires qui n’engagent que moi.

    De manière générale, il y a très peu de rapprochements entre le e-commerce et l’affrètement dont vous parlez dans votre article. Le développement du e-commerce, à grande majorité BtoC, ou CtoC, dans la façon donc vous l’entendez, impacte plutôt les offres des messagers et expressistes.

    L’affrètement est principalement utilisé pour transporter des volumes importants (plusieurs palettes) ou ayant des dimensions vraiment inhabituelles, que l’on retrouve principalement en BtoB.
    Il s’agit en fait d’une offre de transport à la carte, qui se révèlera toujours plus chère que la messagerie, et qu’il faut rentabiliser sur un panier (très) élevé.
    Quand on doit transporter un simple colis ou une palette, le transporteur messager peut amortir les couts en mutualisant les marchandises à transporter sur son réseau national, et donc de vendre le transport moins cher, contrairement à l’affrètement qui fait du point à point.

    Le e-commerce s’étant réellement professionnalisé maintenant depuis plusieurs années, les e-commerçants possèdent pour la plupart des contrats avec des transporteurs comme Coliposte, DHL, ou FEDEX (que vous citez) avec des tarifs qu’ils ont pu négocier. A l’inverse, l’utilisation des plateformes web 2.0 place le e-commerçant ou l’expéditeur en situation d’isolement, face à une offre de transport qu’il ne maitrise pas, et sur laquelle il n’a aucun pouvoir de négociation, malgré la concurrence des offres.

    Si ils en ressentent le besoin, je conseille d’ailleurs aux e-commerçants d’ouvrir des contrats chez ce type de transporteurs capables d’expédier dans palettes dans toute la France, les tarifs seront bien meilleurs, pour une prestation plus sécurisée incluant le ramassage chez vous , le numéro de suivi du colis ou encore le SAV. (Quelques noms d’acteurs : Alloin, Schenker, Géodis, etc.)

    Je reconnais par contre l’utilité Shiply pour des livraisons CtoC (type eBay) ou de très petits e-commerçants, sur des articles particulièrement complexes à livrer, comme du gros électroménager, ou du mobilier de jardin par exemple. Mais honnêtement, je ne pense que cela concerne beaucoup de monde, et je conseille à l’expéditeur d’avoir un panier conséquent car les couts de transports vont être salés.

    J’ai fait un un test sur Shiply, par simple curiosité, pour un colis (100x20x20) de 20 kilos, pour aller de Province vers Paris, toutes les offres étaient à peu près 5 fois plus cher que le tarif publique d’un opérateur comme TNT, pour les mêmes conditions de livraisons (livré à destination le lendemain).

    @+

  2. Avatar de Benoit Gaillat
    Benoit Gaillat

    Merci Erwan pour ce retour très constructif ! Je ne connais pas très bien le marché anglais de la logistique mais je sais que le marché français à été épinglé pour ses tarifs abusifs sur les petits colis. Un peu d’innovation ne doit donc pas faire de mal au secteur du transport.
    Le problème de négociation des prix est aussi valable quand la taille du ecommercant n’est pas significative, voir cela peut être une barrière à l’entrée sur le marché. Certains transporteur pouvant être tenté de ne pas s’embêter avec des très petits volumes.

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